Xuan Lâm Nguyen : une balle dans la main, un Code dans l’autre ?
Interview réalisé le 24/09/2019.
« Maître vous êtes grand, vous avez fait du basket non ? » Cette question, l’avocat belge Xuan Lâm Nguyen y a eu droit quelques fois. Pourtant, c’est au volley que cet homme de 2 mètres 02 a joué. Et il y a plutôt bien joué puisqu’il était semi professionnel jusqu’en avril 2018, date à laquelle il a décidé de prendre sa retraite de sportif pour se consacrer pleinement à sa carrière d’avocat.
Maître Nguyen ne se destinait pas à faire du droit. « Je voulais faire ingénieur civil. J’ai passé l’examen d’entrée à l’Université de Liège. Après 6 mois à l’université, je me suis aperçu que ça ne me plaisait pas tant que ça alors je suis parti en droit. Avocat c’est un peu arrivé par hasard finalement. »
Et comme pour l’avocature, le volley est aussi arrivé tard dans la vie de Xuan Lâm Nguyen.
« J’ai commencé le volley à 20 ans. J’ai vite progressé, puis, à l’issue de mes études, j’ai reçu une proposition pour rejoindre une équipe professionnelle. En stage à l’époque, je ne pouvais pas faire deux temps plein. J’ai donc discuté avec mon maître de stage qui m’a proposé de passer en ¾ temps avec un certain nombre d’heures à prester, me permettant ainsi de rejoindre les entraînements le soir. »
Quatre entraînements par semaine, les matchs le week-end et le droit le reste du temps… « La vie privée en prend un petit coup », reconnaît Maître Nguyen.
Carrière sportive et juridique ?
Mener de front une carrière sportive et juridique, compliqué ? « J’aimais bien l’idée de faire les deux »,glisse l’avocat.
Celui qui avait un rôle de central attaquant bloqueur a su tirer parti de ses deux passions.
Le volley ? Outre le côté sportif, c’était une manne financière qui lui a permis de lancer son cabinet. Le droit ? Son plan pour le futur.
« J’ai vécu deux vraies saisons en milieu professionnel. Mais prolonger l’aventure était risqué, car une carrière de sportif se termine tôt. J’ai alors décidé de créer mon cabinet (en janvier 2018). Toutes les questions qu’un avocat se pose avant de lancer son cabinet du type “est-ce viable ?” ou “aurais-je une clientèle suffisante pour vivre de mon métier?”, je me les suis moins posées, parce que j’étais assuré d’avoir de l’argent grâce au volley. »
C’est à la fin de la saison de volley, en avril 2018, que l’avocat outre-quiévrain a décidé d’arrêter de faire les deux en même temps pour se consacrer uniquement à son métier.
Ne faire que du volley, y’a-t-il déjà pensé ? « Le volley n’est pas un sport très rémunérateur, ce n’est donc pas évident de gagner sa vie. En plus, les contrats sont courts : une saison dure huit mois, les sommes sont faibles, et pendant quatre mois on ne gagne pas d’argent. »
Le volley, une discipline formatrice ?
Le sport à haut niveau est très intransigeant.
« Il n’y a pas d’entre deux. Si tu es mauvais, on te le dit, si tu es bon on te le dit. On est obligé de se remettre sans cesse en question, de travailler sur ses forces pour donner le meilleur de soi-même. Et quand on y arrive, ça donne une grande confiance en soi. »
Cette confiance, et cette exigence, il essaie de les reproduire dans son travail au quotidien. Ce qu’il regrette cependant, c’est de n’avoir pas pu retrouver aujourd’hui dans son travail les notions de solidarité et de camaraderie qu’il avait avec son équipe.
Cependant, si toute sa vie était à refaire, il recommencerait la même sans hésiter car « ce sont deux expériences totalement différentes qui m’ont permis de tirer plusieurs facettes de ma personnalité. J’ai beaucoup appris sur moi, et je sais qu’en travaillant, je peux arriver à ce que je veux. Tout est possible. »
« Ce n’est pas un métier facile mais c’est passionnant » ?
Un conseil à un jeune avocat qui entre dans la profession ? « Accrochez-vous. Le métier est dur, il y a trois années de stages qui peuvent être difficilement vécues mais qui sont très formatrices. »
« Voir à long terme », c’est ça le plus important selon l’avocat. « Plus que de s’occuper des finances, il faut vraiment privilégier l’apprentissage… et comprendre comment on gère un cabinet. C’est un métier qui n’est pas facile, mais qui est passionnant. »
Aujourd’hui, Maître Nguyen continue de jouer au volley, mais avec un niveau de « bon amateur », selon ses dires. Celui qui pratique aussi bien du droit pénal que du droit commercial ou du droit de la famille aimerait plus tard développer une autre matière… le droit du sport.