Défendre les droits des femmes : découvrez les conseils d’avocates engagées

À RETENIR

Vous ne vous contentez pas d’appliquer la loi : vous avez un rôle actif dans l’évolution du droit et la protection des victimes. Votre engagement est essentiel pour :

• Assurer une défense efficace des victimes de violences et de discriminations.
• Utiliser les outils juridiques existants pour renforcer la protection des femmes.
• Faire évoluer la jurisprudence en portant des dossiers emblématiques.
• Sensibiliser et former vos confrères à une écoute et une posture adaptées.

Maître Isabelle Steyer, avocate spécialisée dans la défense des femmes victimes de violences, insiste :
« Défendre les femmes, c’est avant tout comprendre les mécanismes de domination. Il faut un engagement profond et une expertise technique pour accompagner les victimes face à un système judiciaire souvent insuffisant. »

Assurer une défense efficace des victimes de violences

1. Affinez votre compréhension des mécanismes de domination

Maître Anne Bouillon, avocate pénaliste engagée, souligne : « Il est essentiel de se former. Défendre les femmes victimes de violences exige une connaissance approfondie des mécanismes de domination et une remise en question personnelle. Il faut déconstruire sa propre écoute pour entendre réellement les victimes. »

Elle ajoute également que la culture de l’égalité est un levier indispensable pour lutter durablement contre ces violences : « L’éradication des violences passe par une culture de l’égalité. Tant que la société maintiendra une hiérarchie entre les sexes, la violence restera un outil de domination. En instaurant une réelle égalité, nous déconstruisons les fondements mêmes des violences faites aux femmes. »

Maître Vinciane Jacquet rappelle aussi l’importance de garder une posture équilibrée : « L’avocat n’est pas la victime. Se mettre trop émotionnellement à sa place peut nuire à la défense. Il faut savoir rester impliqué tout en gardant la distance nécessaire. »

Maître Marie Blandin insiste sur la nécessité d’une formation interdisciplinaire et sur la reconnaissance du contrôle coercitif : « Une formation juridique ne suffit pas. Comprendre l’emprise, le stress post-traumatique et les mécanismes psychologiques est essentiel pour défendre efficacement ces victimes. La notion de contrôle coercitif, encore peu intégrée dans notre droit, doit être reconnue et utilisée comme un levier juridique. Ce mode de domination psychologique et économique enferme les victimes dans un cycle de violences où elles n’ont plus conscience de leur propre capacité d’action. »

2. Utilisez efficacement les dispositifs de protection

• Obtenez rapidement des ordonnances de protection pour les victimes de violences conjugales.
• Mobilisez les cellules de signalement en hôpitaux et commissariats.
• Collaborez avec des structures d’accueil pour assurer la sécurité des victimes.

Maître Anne Bouillon explique : « Nous devons agir vite. L’accès aux ordonnances de protection est essentiel, mais encore faut-il que les magistrats en saisissent l’urgence. Trop souvent, nous sommes face à des délais incompatibles avec la situation de danger dans laquelle se trouvent nos clientes. »

Faites évoluer la jurisprudence et le cadre législatif

1. Portez des dossiers emblématiques

Vous pouvez contribuer à faire avancer le droit en plaidant des affaires qui influencent la jurisprudence, notamment sur :

• La reconnaissance des violences conjugales dans les divorces.
• L’évolution du droit au consentement sexuel.
• La protection des femmes contre les discriminations au travail.

Maître Marie Blandin partage une affaire marquante : « J’ai plaidé un dossier où nous nous sommes opposées à la correctionnalisation d’un viol commis par pénétration digitale. Grâce au courage de ma cliente, nous avons obtenu une reconnaissance pleine et entière du crime de viol par la Cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. Cette affaire a permis de rappeler qu’il n’existe pas de ‘petit viol’. »

2. Participez aux travaux législatifs et sensibilisez les décideurs

• Collaborez avec des parlementaires pour faire évoluer les lois sur les violences sexistes.
• Intégrez des groupes de travail pour améliorer la prise en charge judiciaire des victimes.

Maître Isabelle Steyer souligne un problème récurrent : « Trop souvent, les plaintes des femmes pour violences sur leur enfant sont balayées sous prétexte d’aliénation parentale. Une véritable réforme est nécessaire pour que la parole des femmes soit enfin prise au sérieux lorsqu’elles signalent des violences familiales. »

Maître Vinciane Jacquet met aussi en lumière une réalité persistante : « Il arrive encore trop souvent que la dénonciation de violences sur un enfant soit perçue comme une stratégie pour obtenir la garde exclusive. L’étiquette de l’affabulatrice hystérique et/ou victime du syndrome de persécution colle encore à la peau des femmes, sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit menée. »

Conclusion : Votre rôle est essentiel pour la défense des droits des femmes

Vous avez un impact direct dans la protection des droits des femmes et l’évolution du droit. Votre engagement passe par :

• Une formation continue pour mieux comprendre et accompagner les victimes.
• L’utilisation des nouveaux dispositifs légaux pour renforcer la protection des femmes.
• L’implication dans les débats juridiques et la jurisprudence pour faire évoluer le droit.
• Le partage des bonnes pratiques pour sensibiliser vos confrères et améliorer la prise en charge des victimes.

En instaurant une culture de l’égalité et en utilisant tous les outils juridiques à votre disposition, vous pouvez contribuer activement à la défense des droits des femmes.

Un immense merci à :

• Maître Anne Bouillon
• Maître Isabelle Steyer
• Maître Marie Blandin (ALBA LEGIS)
• Maître Vinciane Jacquet

pour leurs témoignages et leur engagement quotidien dans la défense des droits des femmes. Leur expertise et leur dévouement sont une source précieuse d’inspiration pour tous les avocats investis dans cette cause.