Développer sa clientèle d’avocat au Royaume-Uni depuis la France : mode d’emploi.

À RETENIR

Le marché juridique britannique, bien qu’exigeant, offre de réelles opportunités aux avocats français. Il est possible de travailler avec des clients britanniques depuis la France ou de devenir solicitor via un parcours accessible.

Voici les points clés abordés dans l’article :

• Le système de Common Law repose sur la jurisprudence, sans Code civil ni constitution unique
• La procédure anglaise est orale, contradictoire, coûteuse, et favorise les règlements amiables
• Les rôles de solicitor (conseil) et barrister (plaidoirie) sont bien distincts
• Il est possible de développer une clientèle UK depuis la France en collaborant avec des confrères britanniques
• Le SQE permet aux avocats français de devenir solicitor sans repasser par l’université
• Des domaines porteurs comme le droit des affaires, l’environnement ou le pénal économique offrent des opportunités concrètes
• Des prépas spécialisées existent pour passer les barreaux anglais, new-yorkais ou californien

 

Retrouvez ci-dessous le replay de ce webinar, animé par Pauline Deschamps, CEO de Justifit, qui reçoit Maître Duncan Fairgrieve pour décrypter les opportunités concrètes du marché juridique britannique.

1. Un système juridique à bien comprendre : la Common Law

Contrairement au droit français, basé sur des codes et une hiérarchie claire des normes, le droit anglais repose sur la jurisprudence (case law). Les décisions passées façonnent la règle de droit. Il n’existe ni Code civil ni constitution unique, et le rôle du juge est central.

2. Une procédure civile très spécifique (et coûteuse)

La procédure anglaise est de type contradictoire (adversarial). Le procès est le point culminant du litige. Il repose sur :

• des témoignages oraux longs et détaillés (witness statements),
• des experts mandatés par les parties (et non par le juge),
• un rôle actif des avocats dans le contre-interrogatoire.

3. Les professions juridiques en Angleterre : qui fait quoi ?

Le système juridique anglais est l’un des rares à être encore fragmenté :

• Solicitors : juristes généralistes, souvent le premier point de contact du client. Ils gèrent le conseil, les contrats, les successions, le droit fiscal ou immobilier.
• Barristers : avocats spécialisés dans la plaidoirie devant les juridictions supérieures, généralement sollicités par un solicitor.
• Notary public : rôle très limité par rapport à leur homologue français (principalement l’authentification de documents).

4. Développer une clientèle internationale depuis la France

Pas besoin de déménager à Londres pour travailler avec des clients britanniques ! De nombreuses pistes permettent de développer une clientèle internationale depuis la France :

• Créez un profil en ligne sur Qredible, la plateforme britannique lancée par Justifit.
• Nouez des relations avec des confrères anglais, via des événements ou des commissions internationales (comme la commission Paris-Londres du barreau de Paris).
• Rejoignez des réseaux spécialisés : l’Association des Juristes Franco-Britanniques, la Law Society, l’International Bar Association (IBA)…
• Participez à des webinars, conférences ou séminaires juridiques internationaux.

5. Aller plus loin : devenir avocat au Royaume-Uni ou aux États-Unis

🇬🇧 Devenir solicitor en Angleterre et au Pays de Galles

Depuis l’introduction du Solicitors Qualifying Examination (SQE), les avocats français peuvent accéder à la profession sans avoir étudié dans une université anglaise.

• SQE1 : test écrit sur les connaissances juridiques fondamentales (contrats, droit des sociétés…).
• SQE2 : évaluation pratique sur la gestion de dossiers, la rédaction d’actes, les consultations clients…

🇺🇸 Devenir avocat aux États-Unis (New York ou Californie)

• Barreau de New York : nécessite un LL.M. dans une faculté de droit accréditée par l’American Bar Association (ABA).
• Barreau de Californie : accessible aux avocats français, même sans LL.M., à condition d’avoir déjà prêté serment en France.

Une double casquette avocat français / solicitor UK ou US attorney est un vrai atout en matière de développement de clientèle et de crédibilité internationale.

6. Quels domaines sont les plus porteurs ?

Duncan Fairgrieve recommande de se positionner sur des niches à dimension transfrontalière, là où l’expertise d’un avocat français est recherchée :

• Droit des affaires (contrats, M&A, distribution)
• Droit de l’environnement et développement durable
• Compliance, régulation, pénal économique
• Droit international privé, successions internationales
• Droit de la famille pour les couples binationaux

Qui est Duncan Fairgrieve ?

Duncan Fairgrieve est avocat aux barreaux de Paris, d’Angleterre et du Pays de Galles, ainsi que professeur de droit à l’Université Paris Dauphine et au British Institute of International and Comparative Law à Londres.
Spécialiste du droit comparé, du contentieux transfrontalier et du droit européen, il exerce une activité à la fois universitaire et professionnelle entre la France et le Royaume-Uni.
Auteur de plusieurs ouvrages de référence, il accompagne depuis plus de vingt ans les avocats, juristes et institutions dans leur ouverture à l’international.

Conclusion

Le marché juridique britannique est une opportunité concrète pour les avocats français. À condition d’en comprendre les règles et de s’y préparer, il est possible d’y développer une vraie dynamique de croissance :

• Le système anglais repose sur la Common Law et la jurisprudence
• La procédure civile est contradictoire, orale et très codifiée
• Les solicitors sont les partenaires naturels des avocats français
• Il est possible de développer une clientèle UK sans quitter la France
• Le SQE est la voie d’accès au barreau anglais pour les avocats étrangers
• Des domaines comme le droit des affaires ou de l’environnement sont porteurs

Liens utiles :

• Créer son profil sur Qredible
• Pourquoi les avocats français doivent s’intéresser au marché britannique en 2025
• Prépa barreau anglais – Dauphine PSL
• Prépa barreaux New York & Californie – Dauphine PSL
• Association des juristes franco-britanniques
• Double diplôme droit français / Common Law : un passeport pour une carrière internationale d’avocat