Comment porter plainte pour des faits d’agression sexuelle ?
Définie à l’article 222-22 du code pénal, une agression sexuelle est constituée par toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. Dès lors qu’une personne est victime d’une telle agression, il lui est possible de porter les faits à la connaissance de la justice en déposant plainte. Quelles sont les difficultés rencontrées pour porter plainte ? Quelles sont les différentes façons de porter plainte ? Contactez un avocat spécialisé en droit pénal pour défendre vos droits et faire appliquer la justice.
Quels sont les difficultés du dépôt de plainte en cas d’agression sexuelle ?
Chaque année en France, des dizaines de milliers de personnes en sont victimes, étant précisé que les chiffres qui peuvent être présentés sont toujours sous-évalués puisqu’ils sont basés sur les dépôts de plainte, lesquels concerneraient seulement 10% des agressions sexuelles.
Or, l’épreuve que peut représenter un tel dépôt de plainte est un premier frein à une enquête et à une possible condamnation pour plusieurs raisons.
En premier lieu, une agression sexuelle est le type d’infraction pour lequel une victime peut avoir un grand sentiment de culpabilité. Ainsi, psychologiquement, il apparait extrêmement compliqué de dénoncer des faits dont on peut se sentir responsable, au moins pour partie, alors même qu’absolument rien ne saurait justifier une agression sexuelle.
En second lieu, dénoncer les faits revient à devoir se souvenir et à revivre les faits, ce qui crée un nouveau traumatisme, d’autant plus que le témoignage doit être le plus précis possible.
En troisième lieu, être victime est un parcours du combattant qui dure plusieurs années, qui peut parfois être coûteux, dont il existe comme pour toute procédure un aléa judiciaire, ajouté au fait que la victime aura probablement à témoigner à plusieurs reprises, qu’un procès n’est jamais gagné d’avance et peut s’avérer violent ; la méfiance envers l’institution judiciaire constitue donc également un obstacle au dépôt de plainte.
En quatrième lieu, une difficulté peut aussi apparaître s’agissant du rapport de la victime à l’auteur puisque dans 9 cas sur 10 les agressions ont été perpétrées par un auteur connu de la victime (famille, époux, collègue, …)
En cinquième lieu, une difficulté peut résider dans la sociologie des victimes car dans 9 cas sur 10 la victime est une femme, jeune le plus souvent. Or, l’idée d’avoir à dénoncer des faits devant un homme peut également représenter un frein.
Au surplus, les victimes peuvent s’autocensurer en ce qui concerne les preuves. Or, c’est justement l’objet de l’enquête ou de l’instruction que de les rassembler.
Enfin, les témoignages de victimes n’ayant pas été crues, n’ayant pu déposer plainte, ou ayant été mal reçues en commissariat mettent à bas les espoirs d’un dépôt de plainte sérieux, apaisé et dépourvu de jugement comme cela peut malheureusement encore être le cas en 2023 dans notre pays.
Malgré ce sombre tableau, il existe différents types de dépôt de plainte qui peuvent aider la victime à dénoncer les faits, notamment avec l’aide d’un avocat et d’associations dédiées.
Quelles sont les différents types de dépôt de plainte ?
Le dépôt de plainte en commissariat ou en gendarmerie
Pour rappel, les agents et officiers de police judiciaire ont l’obligation absolue de prendre une plainte et d’en dresser procès-verbal (art. 15-3 du Code de procédure pénale).
Quels que soient les faits, ce mode de dépôt de plainte est le plus classique, le plus connu et le plus utilisé.
Comme il l’a été évoqué précédemment, ce mode de dépôt de plainte peut parfois effrayer et faire naître des appréhensions, surtout s’agissant d’agressions sexuelles.
Pour autant, les plaintes qui ne sont pas prises en compte ou qui se déroulent très mal ne sont heureusement pas une généralité.
Il existe des brigades ou sections spécialisées pour réceptionner le dépôt de plainte, constituées de personnes expérimentées qui sont dédiées à cette cause, à ces faits et qui ont souvent reçu une formation pratique et théorique pour en assurer un bon traitement.
En tout état de cause, pour pallier toute difficulté ou toute crainte qu’une victime d’agression sexuelle puisse avoir à l’idée de déposer plainte, un avocat peut accompagner la victime dans sa démarche en amont, et même en l’accompagnant physiquement au commissariat ou en gendarmerie si besoin : cela ayant été consacré par la loi d’orientation et de programmation du Ministère de l’Intérieur (LOPMI) du 24 janvier 2023 en son article 13.
Le dépôt de plainte entre les mains du procureur de la République
Une autre possibilité procédurale est offerte aux victimes d’infraction pénale en ce qu’elles peuvent outrepasser la première étape en écrivant directement au procureur, lequel dirige notamment les enquêtes.
La plainte au procureur est une plainte écrite lui étant adressée, expliquant les faits et les qualifiant juridiquement.
La victime peut y procéder par elle-même mais l’appui d’un avocat peut s’avérer pertinent en ce que celui-ci présentera et qualifiera les faits au mieux afin que le procureur décide d’ouvrir une enquête.
A réception de la plainte, le procureur pourra donc ouvrir une enquête ou bien classer sans suite si l’auteur est inconnu ou bien si l’infraction n’est pas suffisamment caractérisée par exemple.
Plainte avec constitution de partie civile
Toute victime peut se constituer partie civile lorsque l’action publique a été mise en mouvement de façon indépendante à la ou les victimes.
Cependant, lorsqu’aucune enquête ni instruction n’est ouverte, il est possible de se constituer partie civile devant le Doyen des juges d’instruction (art. 85 CPP).
Toutefois, pour prétendre à cette qualité, la plainte avec constitution de partie civile est subordonnée à deux conditions alternatives : soit la plainte initiale a été classée sans suite par le parquet (procureur), soit le parquet n’y a pas donné suite pendant un délai de trois mois.
Si une de ces conditions est remplie, la plainte peut être transmise au Doyen des juges d’instruction.
Là encore, la plainte peut être rédigée par la victime. Néanmoins, l’avocat est plus à même de rédiger et de transmettre la plainte en raison de ses connaissances, de son expérience et de sa pratique.
Pour conclure, les victimes d’agression sexuelle disposent de plusieurs possibilités pour dénoncer des faits dont elles ont été victimes et peuvent être assistées dans toutes les phases de la procédure.
En tout état de cause, quel que soit le stade de la procédure, l’assistance d’un avocat est toujours recommandée bien que cela ne soit pas obligatoire, sauf exceptions.
L’avocat pourra aussi vous éclairer sur d’éventuelles difficultés de prescription, qui peuvent empêcher le déclenchement de l’action publique, à la différence de l’action en réparation au civil.
Il est également à noter que dans certains cas, l’action publique peut également être déclenchée par des dénonciations, des témoignages ou des signalements, indépendamment de la volonté de la victime.
Par ailleurs, lorsque les ressources de cette dernière sont faibles ou que celle-ci est victime d’un crime à l’image du viol, la victime peut bénéficier de l’aide juridictionnelle (prise en charge des frais d’avocat par l’Etat et absence de consignation).
Enfin, de nombreuses associations d’aide aux victimes et d’aide aux femmes victimes de violences sexuelles existent et sont là pour vous aider et vous accompagner, elles constituent un appui et une ressource très précieuse.