Bien connaître les principes du droit de passage et de servitude

Vous êtes propriétaire d’un terrain enclavé ? Vous vous demandez comment obtenir un droit de passage auprès de votre voisin ? Le droit de passage est une mesure instaurée par le Code civil qui vous permet d’avoir un accès à la voie publique depuis votre propriété enclavée. Portant atteinte au droit de la propriété de votre voisin, il s’agit d’une procédure dont les règles ainsi que le régime sont strictement encadrés par la loi et la jurisprudence. Comment demander un droit de passage ? Quelles sont les conditions pour l’obtenir ? Qui peut le demander ? Que faire en cas de désaccord ? Voici un tour d’horizon sur le régime du droit de passage.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter en avocat spécialisé en droit de passage et de servitude.

Bien connaître les principes du droit de passage

Quelle est la différence entre le droit de passage et une servitude ?

Droit de passage et servitude de passage sont des notions très proches qu’il convient de nuancer.

Le droit de passage est en réalité une servitude légale de passage par opposition à la servitude conventionnelle de passage.

Voici une définition simple afin de mieux comprendre ce qu’est le droit de passage :

Il s’agit d’un droit que réclame le propriétaire d’un terrain enclavé pour passer par la propriété d’autrui afin d’accéder à la voie publique.

En d’autres termes, il s’agit d’un droit reconnu à un propriétaire qui n’a aucun moyen d’accéder à sa propriété depuis la voie publique. Ainsi, pour pouvoir prétendre à un droit de passage, il faut que votre terrain soit enclavé. On parle alors de « servitude légale de passage ».

À la différence de la servitude conventionnelle de passage, le droit de passage ou la servitude légale de passage se limite à permettre l’accès d’une propriété enclavée à la voie publique. Il s’agit ainsi d’une sous catégorie faisant partie de la notion plus large de servitude de passage. »

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Quand demander un droit de passage ?

Le droit de passage est reconnu à tout propriétaire d’un terrain enclavé. Il s’agit d’un terrain qui ne dispose pas d’accès ou qui ne dispose que d’un accès insuffisant à la voie publique. Il faut ainsi que l’occupant de la propriété considérée comme enclavée soit dans l’impossibilité de se rendre sur la voie publique et vice versa. Par conséquent, s’il existe un accès praticable vers le terrain, il sera considéré comme non enclavé et ainsi aucun droit de passage ne sera reconnu.

En revanche, le juge étant souverain pour apprécier si un terrain est enclavé ou non, s’il estime que le passage est trop étroit ou trop pentu, voire impraticable, il peut déclarer le terrain comme étant enclavé.

Par ailleurs, un propriétaire qui est à l’origine de son enclavement par le fait d’une construction ou d’autres travaux d’aménagement se verra refuser sa demande de droit de passage.

Comment faire une demande de droit de passage ?

Dans le cas d’un accord à l’amiable, votre voisin a donné son accord sur le principe de vous céder un droit de passage sur sa propriété. Les modalités d’exercice de celui-ci doivent être consignées par écrit. En effet, il est recommandé d’authentifier votre acte en passant une convention devant notaire. Votre droit sera ainsi opposable aux tiers, c’est-à-dire qu’il s’imposera, peu importe que le terrain dominant change de propriétaire. Il suffira d’entamer une publicité foncière auprès de la conservation des hypothèques. Toutefois, le droit de passage peut exister, même sans acte notarié.

L’acte devra ainsi préciser la liste des modalités d’exercice du droit de passage :

  • Le tracé du passage : celui-ci doit être le plus court et le moins dommageable pour la propriété traversée. Toutefois, il est possible que le tracé soit plus long s’il est dans l’intérêt du propriétaire asservi. En ce qui concerne la règlementation en matière de droit de passage, le juge autorise généralement la demande d’une largeur permettant l’accès d’une voiture.
  • Le montant de l’indemnisation : vous êtes en effet dans l’obligation d’indemniser les éventuels dommages causés à la propriété du terrain traversé. Celui-ci peut en effet subir des détériorations du fait de l’exercice du droit de passage, à savoir une moins-value de sa valeur, des gênes occasionnés par la construction du passage ou encore par les va-et-vient, etc.
  • L’entretien : les frais d’entretien du passage sont intégralement imputés au propriétaire du terrain desservi, sauf convention contraire. De même, si l’exercice du droit de passage nécessite la construction d’un chemin privé, les frais seront à la charge du propriétaire du terrain désenclavé. Toutefois, dans le cas où le passage est emprunté par les deux parties, les frais d’entretien et de réparation seront partagés entre elles.

Bon à savoir : le juge peut permettre que le propriétaire du terrain traversé installe un portail ou une barrière à l’entrée du passage. Toutefois, une clef doit être remise au propriétaire bénéficiaire du droit de passage.

Que faire en cas de défaut d’accord à l’amiable ?

Dans le cas où le propriétaire du terrain sur lequel vous demandez un droit de passage s’y oppose, vous pouvez intenter une action auprès du Tribunal Judiciaire. Dans ce cas, seul le propriétaire est habilité à faire cette demande. En effet, un simple locataire n’y a pas droit. Il peut toutefois demander à ce que son propriétaire entame les démarches nécessaires à cette fin.

Le juge se chargera ainsi de fixer lui-même les modalités pour la mise en place du droit de passage, notamment le tracé ainsi que le montant de l’indemnisation à verser au propriétaire du terrain traversé.

Bon à savoir : le propriétaire du terrain traversé peut demander d’annuler le droit de passage si les conditions l’ayant motivé ont disparu. En d’autres termes, si le terrain dominant n’est plus enclavé, la servitude de passage peut prendre fin. Par ailleurs, la loi pose une limite de 30 ans pour l’exercice du droit de passage. Celui-ci peut prendre fin d’office à la fin de ce délai ou en cas de non-exercice. Dans le cas où le propriétaire bénéficiaire du droit de passage s’y oppose, la cessation de l’enclave peut être constatée par voie judiciaire.

Le droit de passage : les conséquences juridiques

Une fois le principe du droit de passage acquis, c’est-à-dire une fois qu’un accord à l’amiable ou une décision judiciaire a reconnu le droit de passage, qu’est-ce que cela implique dans la pratique ?

Tout d’abord, le droit de passage est, sur le plan juridique, une servitude permanente qui greffe la propriété sur laquelle il s’applique. Par conséquent, il est lié à la propriété et non à la personne. Par conséquent, que la propriété traversée soit louée ou cédée à un tiers, le droit de passage s’applique d’office. De la même manière, le nouvel acquéreur ou le locataire du terrain bénéficiaire d’un droit de passage n’a pas à renouveler la demande de droit de passage. Celui-ci s’applique d’emblée.

L’existence du droit de passage est en effet mentionnée dans les compromis de vente ainsi que les actes de vente, que ce soit pour le terrain traversé ou pour le terrain bénéficiaire.

Pour entamer vos procédures de demande de droit de passage, n’hésitez pas à demander conseil auprès d’un avocat spécialisé en droit de passage et de servitude. Vous pourrez trouver un avocat en fonction de votre localisation géographique grâce au site Justifit.fr.