Qu’est ce qu’une micronation ?
400. Ce serait approximativement le nombre de micronations existant dans le monde. Principauté de Sealand, principauté de Hutt River, Liberland, république de Saugeais ou encore république de Molossia… Si ces noms ne vous disent rien, c’est normal ! Ces États autoproclamés, souvent minuscules et excentriques, comptent rarement plus qu’une poignée de citoyens et restent invisibles aux yeux des grandes nations. Pourtant, derrière ces projets parfois fantasques, se cachent des histoires fascinantes de liberté, de contestation et d’idéaux.
À RETENIR : Qu’est-ce qu’une micronation ?
- Une micronation, est créée par une ou quelques personnes. La micronation se veut indépendante, elle a presque toutes les caractéristiques d’un état. Cependant, aucune micronation n’a réussi à devenir un État au sens des conditions émises par la convention de Montevideo (1933), à savoir : un territoire délimité sur lequel vit une population administrée par un gouvernement capable de nouer des relations diplomatiques avec d’autres états officiels.
- Les micronations n’ont pas de reconnaissance officielle par les grands États. Elles sont tolérés, mais aucune d’elle ne siègera à l’ONU (pour l’instant). Mais qu’elles se rassurent : certains états ne sont pas non plus reconnus par leurs homologues. On pense ainsi au Kosovo, qui fait partie du FMI (Fonds Monétaire International) mais qui est considéré par la Serbie comme faisant partie de son territoire. Chypre n’est pas non plus reconnu par la Turquie.
- Si certaines micronations sont essentiellement folklorique ou touristiques, d’autres se prennent beaucoup plus au sérieux.
Nous vous présentons quelques micronations intrigantes, improbables et amusantes, mais n’hésitez pas à aller voir sur Internet, certaines valent le détour ! Et puis qui sait, peut-être allez vous trouver votre prochaine destination de vacances ?
La principauté de Sealand
Fondée en 1967 sur une plateforme pétrolière au large des côtes anglaise, la principauté de Sealand est une des micronations les plus célèbres. À l’époque, le major Roy Bates, ancien officier de l’armée britannique, avait pour projet d’y installer une radio pirate. Il a d’ailleurs dû repousser à coups de cocktails molotov des Irlandais qui avaient eu la même idée.
Le major s’est déclaré Prince de Sealand et sa femme est donc devenue princesse de Sealand.
En 1978, le businessman allemand Alexander Achenbach, alors premier ministre de Sealand, a payé des mercenaires pour qu’ils s’emparent de la plateforme. Il a pris en otage le fils du major Bates. Finalement, le major a mené une contre-attaque pour récupérer la plateforme et empêcher le businessman de mener à bien son projet de coup d’état..
La république d’Uzupis
Cette micronation est installée dans un quartier de Vilnius (capitale de la Lituanie). Uzupis a attiré de nombreux artistes. Aujourd’hui, cette République est gouvernée par un président, Romas Lileikis.
Le plus étonnant peut-être à Uzupis est la Constitution qui a été établie. Composée de 40 articles, cette Constitution énonce par exemple que “l’Homme a le droit de mourir mais ce n’est pas un devoir (art. 3)” ou encore, article 26, que “L’Homme a le droit de fêter ou de ne pas fêter son anniversaire”.
On apprend également dans cette Constitution que si “l’Homme a le droit de comprendre” (art. 23), il a aussi le droit “de ne rien comprendre du tout”(art. 24).
Les animaux ne sont pas oubliés : Le “chien a alors le droit d’être un chien” (art. 12), et le “chat a le droit de ne pas aimer son maître mais doit le soutenir dans les moments difficiles” (art.13).
La principauté d’Arbézie
Cette micronation présente une particularité unique au monde : elle est située exactement sur la frontière franco-suisse.
Tout commence en 1862, quand Napoléon III dessine la nouvelle frontière entre la France et la Suisse. Ponthus possède un terrain qui est traversé par cette nouvelle démarcation. Il y fait construire sa maison, et installe un bar du côté français. Du côté suisse, il met un magasin… Ce qui arrange bien ses affaires de contrebande !
À sa mort, son fils, Max Arbez, transforme la maison en hôtel, et en 1940, il participe à l’effort de guerre en faisant passer des juifs et des résistants du côté helvète. Il sera d’ailleurs récompensé par Charles de Gaulle et décoré, à titre posthume de Juste parmi les Nations. À la fin de la guerre, le statut de l’hôtel est indéterminé… Français ou Suisse ?
La solution qui est trouvée est la suivante : la France le considère comme suisse, et la Suisse le considère comme français. Pas bête mais il fallait y penser ! C’est finalement le député jurassien Edgar Faure, qui lui donnera le nom d’Arbézie et Max Arbez, amusé de la situation, se déclare prince d’Arbézie… et c’est ainsi que naquit cette micronation, qui possède son drapeau.
La colonie occidentale de Calsahara
Créée par Travis McHenry en 2009, la micronation de Calsahara (qui signifie désert de Californie) a été annexée par la micronation de Westartica (également créée par McHenry). L’homme ressemble à un chef de guerre, avec son costume bardé de décorations militaires… Mais le diable se cache dans les détails, et McHenry a donc imposé à ses sujets, essentiellement sa famille et quelques amis, le port de tongs. Se déclarant comme “Dictator of Life”, il a finalement donné le pouvoir à son fils, le Roi Nicolas, encore un enfant.
McHenry est également le Grand Duc de Westartica, une autre micronation qui a revendiqué des terres en Antarctique.
Le but de l’homme est de protéger l’environnement dans lequel il vit, même si on peut parfois lire qu’il se bat contre des inondations. Calsahara possède son drapeau et son hymne.
Comment créer sa propre micronation ?
Créer une micronation, c’est avant tout une déclaration d’indépendance symbolique, mais ça ne veut pas dire qu’il suffit d’annoncer sur Internet que ton jardin est devenu un pays pour être pris au sérieux. Voici les étapes essentielles pour fonder ta propre micronation :
Définir son concept
Avant tout, il faut choisir un objectif clair : s’agit-il d’une expérience politique, d’un projet communautaire ou d’une simple blague ? Ensuite, il faut lui donner une identité avec un nom, un drapeau, une devise et un hymne.
Déclarer son indépendance
Toute micronation commence par une déclaration officielle affirmant son existence. Ce document, publié sur un site web ou un forum, explique pourquoi et comment elle se détache des États existants.
Acquérir un territoire
Si possible, il faut revendiquer un espace physique, que ce soit un bout de jardin, une île isolée ou une zone juridiquement floue. Sinon, une micronation peut exister uniquement en ligne sous forme de communauté virtuelle.
À titre d’exemple, une micronation a créée son île artificielle, une micronation revendique des bouts de terre sur mars, et revendique aussi des planètes imaginaires…
Créer un gouvernement et des lois
Pour être crédible, une micronation doit avoir une structure politique définie : une constitution, un dirigeant ou une assemblée, ainsi qu’un ensemble de lois, même symboliques.
Établir des symboles nationaux
Comme tout pays, elle doit posséder des éléments reconnaissables : un drapeau, un hymne, une devise, et pourquoi pas une langue officielle pour renforcer son identité.
Gagner en reconnaissance
Bien qu’aucune micronation ne soit reconnue officiellement par l’ONU, elle peut établir des relations avec d’autres États autoproclamés, créer un site web et attirer des citoyens via les réseaux sociaux. La meilleure façon d’attirer les gens est de faire de votre micronation un lieu touristique. Vous pourrez alors vendre à vos visiteurs des timbres, des pièces de votre monnaie nouvellement frappée, des titres honorifiques…
Développer une économie
Certaines micronations financent leurs activités en vendant des passeports, des titres de noblesse, ou en créant une monnaie fictive. D’autres proposent des adhésions ou organisent des événements.
Faire vivre la micronation
Une fois créée, elle doit continuer d’exister par des annonces officielles, des festivités nationales, et une participation active de ses citoyens pour éviter de sombrer dans l’oubli.
Crime dans une micronation : quelle est la loi appliquée ?
Que se passerait-il si un crime était commis au sein de ces micronations ? Qui serait chargé de faire appliquer la justice ? Pour ce qui est des micronations intégrées à un pays, comme la République d’Usupis qui est située dans un quartier de Vilnius, le crime sera jugé par les autorités compétentes, donc lituaniennes. Pour le cas ou un crime est commis dans un territoire qui n’appartient à personne et a été revendiqué, c’est un peu plus flou. Il semblerait alors que le “dirigeant” pourrait faire appliquer sa loi, mais toujours dans le respect des droits de l’Homme. Le cas, à notre connaissance, ne s’est pas présenté.
Enfin, sachez que les documents type passeports, timbres, et titres de noblesse, n’ont aucune valeur juridique ou légale dans le reste du monde. Si vous avez un passeport issu de la principauté de Sealand par exemple, il y a fort à parier que vous ne puissiez pas passer beaucoup de frontières.
POINTS CLÉS À RETENIR
- Une micronation est un État autoproclamé créé par une ou plusieurs personnes, possédant les attributs d’un pays sans être reconnu officiellement.
- Aucune micronation ne répond aux critères de la Convention de Montevideo et, bien qu’elles soient tolérées, elles ne bénéficient d’aucune reconnaissance diplomatique.
- Certaines sont purement humoristiques ou touristiques, tandis que d’autres tentent d’instaurer un gouvernement et une économie fonctionnelle.
- Sealand, Uzupis, Arbëzie et Calsahara comptent parmi les micronations les plus connues, chacune ayant une histoire et une identité unique.
- Fonder une micronation implique de définir un concept, revendiquer un territoire, établir un gouvernement et une identité nationale, puis chercher une reconnaissance.
- La justice y est floue : les micronations situées dans des États existants sont soumises à leur législation, tandis que celles sur des territoires non réclamés appliquent leurs propres lois dans le respect des droits de l’Homme.
- Les passeports, monnaies et titres délivrés par ces micronations n’ont aucune valeur officielle et ne permettent pas de circuler librement.
- Certaines micronations financent leur activité grâce au tourisme, à la vente de souvenirs et aux titres honorifiques, attirant ainsi curieux et passionnés.
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